«BEN, c'est quelqu'un qui ne se laisse pas faire mais qui ne cherche pas non plus la bagarre ». Moins de 24 heures après le meurtre de Benoît-Alexandre Foé dans le quartier rémois des Hauts-de-Murigny, Zeinab, sa fiancée ne peut se résoudre à parler de lui au passé. Cette jolie jeune femme de 22 ans, sait pourtant qu'elle ne reverra plus jamais le garçon, rencontré il y a un an au hasard d'une soirée étudiante.
Mardi matin, le geste fou d'un autre étudiant a brisé définitivement leurs rêves d'un avenir commun. Digne, l'étudiante en droit évoque le drame et les dernières heures de celui qu'elle prénomme amoureusement « Ben ».
« Comme d'habitude, on se trouvait ensemble ce matin-là », confie Zeinab. Studieux, le couple révise ensemble en vue de leurs examens. Elle, en droit ; lui, en biologie. Au campus Croix-Rouge comme sur celui de la fac de médecine, on a l'habitude de les croiser ensemble. « Mardi, j'avais un partiel à 9 heures, Ben m'a accompagné à la fac vers 8 h 45. On devait se retrouver vers midi pour réviser ensemble à la bibliothèque ». Ben ne sera pas au rendez-vous…
Alertée par un SMS
« Ibrahima (le meurtrier présumé) et Ben devaient se voir ce mardi matin. Le rendez-vous avait été fixé la veille », assure la jeune femme. Le couple formé par Zeinab et Ben le connaissait bien. « Il était de ma promo mais on n'était pas plus ami que ça ».
La nouvelle du drame, c'est par un SMS envoyé par un voisin que Zeinab l'apprend. « Il disait : Viens vite, il est arrivé quelque chose à Ben ». L'étudiante quitte alors précipitamment la salle d'examen. « Je suis arrivée sur les lieux du drame moins d'un quart d'heure plus tard ». La police l'empêche alors d'approcher la victime. « La dernière image que j'ai de Ben, c'est allongé sur une civière et branché de partout ».
Jamais, elle ne reverra le jeune homme vivant. « Les policiers ont rapidement voulu m'entendre sur ce qui a pu se passer », explique-t-elle.
Un stylo planté dans le crâne
La thèse de la rivalité amoureuse évoquée dans un premier temps ne convainc pas Zeinab. « Je n'y crois absolument pas ! », affirme-t-elle catégorique.
Elle cherche pourtant une explication à la mort violente de son petit ami. « Un événement a influencé leur relation pourtant », se souvient l'étudiante. « Il y a trois ans, Ben s'était un peu moqué d'Ibrahima parce que sa copine l'avait plaqué. La dispute avait dégénéré et Ibrahima lui avait planté un stylo dans le crâne. Rien de grave. Les deux hommes s'étaient expliqués depuis et pour Ben l'affaire était close. Ce n'était pas quelqu'un de rancunier ».
De son côté, l'agresseur de Ben se serait vanté de son geste. « La semaine dernière, il avait chahuté un autre étudiant et Ben voulait simplement lui faire remarquer que son attitude était loin d'être la bonne », croit savoir Zeinab. Au vu des événements dramatiques de mardi, une vérité s'impose naturellement dans son esprit. « Il avait prémédité son geste, c'est certain et aujourd'hui, il dit que c'est lui qui a été agressé. Je ne crois pas à cette version ».
Zeinab a depuis, mené sa propre enquête. « Je connais tout le monde dans l'immeuble. Il semblerait qu'il ne se soit pas écoulé plus de 10 minutes entre la dispute et les cris de son meurtrier (présumé) ».
Une autre interrogation : « Pourquoi alerter la police avant les secours ? » Autant de questions auxquelles devra répondre le meurtrier de Benoît-Alexandre Foé, dans le bureau du juge d'instruction.
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